Les univers musicaux, qu'il s'agisse de la musique classique, contemporaine, pop, folklorique, traditionnelle, d'avant-garde, etc..., semblent former des unités autonomes, parfois closes, parfois intercommunicantes. Ils présentent de surprenants caractères de diversité qui expliquent qu'ils soient riches en créations nouvelles, mais aussi en fossilisations, en ruines et en étendues désertes et tout cela est perpétuellement en formation et en transformation comme les nuages, les univers musicaux sont différenciés et éphémères.
Ceci s'explique par le fait que la musique est un phénomène socio-culturel ; en conséquence, elle est liée à une période donnée de l'histoire. Néanmoins, il est possible d'y distinguer des parties plus stables que d'autres ; celles-ci constituent des matériaux plus ou moins durs selon l'époque de civilisation d'où ils proviennent ; des matériaux qui se déplacent dans l'espace, qui sont créés, lancés, poussés par des courants d'idées, qui se heurtent, s'influencent, s'annihilent ou se fécondent les uns les autres. Quelle est l'essence de ces matériaux ? C'est l'intelligence humaine dans un certain état de cristallisation. Une intelligence qui cherche, questionne, déduit, révèle et prévoit à tous les niveaux. Il semble que la musique et les arts en général doivent nécessairement être une cristallisation, une matérialisation de cette intelligence. Naturellement celle-ci, bien qu'universelle à l'échelle humaine, est diversifiée par l'individu, par le talent, et par tout ce qui rend les hommes différents les uns des autres.
(Iannis Xenakis, in Le compositeur et l'ordinateur, Ircam, Paris, 17-21 février 1981. Copyright © Ircam - Centre Georges-Pompidou 1981, 1999). Cité dans Franco Fabbri, Around the clock. Una brève storia della popular music, UTET, Turin, 2008.
PROGRAMME (pdf)
Lundi 15 décembre (Ircam, salle Stravinsky) :
— pause —
— petite pause —
Mardi 16 décembre (Ircam, salle Stravinsky) :
— pause café —
— pause café —
Argumentaire
Ce colloque est consacré aux multiples articulations qui existent entre celles qu’on appelle traditionnellement « musique savante » et « musiques actuelles ». Loin de faire le consensus, ces dénominations posent plusieurs problèmes, la musique savante étant actuelle au même titre de la popular music, autre dénomination utilisée pour indiquer la musique de « tradition phonographique » (pop, rock, jazz, chanson…) dont la structure complexe relève souvent d’une utilisation « savante » du matériau musical. A partir d’une discussion sur les limites d’une telle taxonomie, le colloque s’attachera à la question des articulations entre ces deux univers dont l’opposition soulève des questions musicologiques intéressantes, en particulier dans l’étude des processus créatifs et analytiques. Quel rôle jouent ou peuvent jouer les différentes représentations des structures et processus musicaux ? Quelle place occupe la formalisation mathématique et la modélisation informatique dans les processus compositionnels ainsi que dans les démarches théoriques et analytiques ? Nous voulons aborder ces questions sans une séparation idéologique et souvent caricaturale des diverses pratiques musicales au sein de la musique savante ainsi que des musiques actuelles et en incluant une réflexion sur les processus humains des décisions musicales (interactions, représentations sociales). L’un des objectifs du colloque est également d’ouvrir une discussion sur la place de l’analyse computationnelle dans l’étude tant du répertoire savant que popular. Au-delà d’un rapprochement inévitable aux sciences exactes, la démarche computationnelle en analyse musicale ouvre également des questions susceptibles d’intéresser des chercheurs travaillant à l’interface de la philosophie, l’épistémologie et la sociologie de la musique. La modélisation ainsi que le recours à des outils formels en analyse musicale sont parfois très différents, selon que le répertoire visé soit celui de la musique savante ou bien celui de la popular music. C’est pourtant à partir de l’étude de la structure musicale et de ses transformations et évolutions tout au long de la pièce que l’on a accès à des informations essentielles dans un ensemble de contextes tels que le data mining, la composition assistée, la navigation intelligente, l’identification de signature, la retranscription automatique, la visualisation de contenus, l’analyse des corpus… L’un des enjeux du colloque est celui de présenter des modèles permettant de relier des approches hétérogènes en musicologie computationnelle, l’un relevant de l’analyse du signal audio et l’autre de l’analyse de structures symboliques. Ces deux approches peuvent – en effet – s’articuler mutuellement dans l’analyse des processus créatifs à l’œuvre dans le domaine de la musique savante et des musiques actuelles et contribuer ainsi à une meilleure compréhension des diverses pratiques musicales.
Organisation :
Le colloque, coordonné et hébergé par l'Ircam, est organisé sous l’égide de la SFAM dans le cadre de ses JAM (Journées d’Analyse musicale), en collaboration et avec le soutien de l’IReMus (UMR 8223, Paris-Sorbonne) et la branche francophone d’Europe de l’IASPM (International Association for the Study of Popular Music). Il accueille également un événement grand public organisé par la BPI du Centre Georges Pompidou (soirée « Math’n Pop »).
Comité de pilotage :
Comité scientifique :
Comité d'organisation :
Contact coordination colloque :